Cette page donne une vue d'ensemble des Seigneurs du Poitou du Xème au XIIème siècle, c'est l'age d'or du régime féodal. Elle commence par une présentation de la situation du Poitou aux IXème et Xème siècles.
Vous pouvez avoir plus d'informations sur les Comtes du Poitou, sur les Vicomtes de Thouars qui ont dominés la partie ouest du Poitou pendant tout le Moyen Age, sur les Vicomtes de Chatellerault qui eux exercaient leur pouvoir au nord de Poitiers, aux confins de la Touraine et enfin sur les Sires de Parthenay, seigneurs turbulents de la partie sud du Poitou.
Les premiers Comtes de Poitiers (ou de Poitou) sont des fonctionnaires nommés par Charlemagne et son successeur Louis I le Pieux. A partir du règne de Charles II le Chauve ils deviennent de plus en plus indépendants et commencent à mener une politique personnelle. Ceci débouche sur des conflits avec les Comtes voisins. D'abord les Comtes de Nantes et d'Anjou, le Comte de Poitou a le dessous et doit leur cèder des territoires. Par contre il prend des domaines au Berry et au Limousin.
Conquetes des Comtes de Nantes : Pays de Retz, d'Herbauge, des Mauges et de Tiffauge Au milieu du VIIIème siècle le Duc de Bretagne Nominoé bouscule les Francs et s'empare du pays de Retz qui à cette époque appartenait au Comté de Poitiers, cette perte sera irréversible.
Au début du IXème siècle les Normands occupent une partie du Poitou, les pays d'Herbauge, des Mauges et de Tiffauge en plus de Nantes et du pays de Retz. En 937 Alain Barbe Torte, Comte de Bretagne et de Nantes, vainc et chasse les Normands mais conserve pour lui les pays conquis. Guillaume Tete d'Etoupe est trop occupé par son conflit avec Hugues le Grand pour pouvoir intervenir, il abandonne les territoires à Alain Barbe-Torte en 942. Quelques années plus tard Guillaume Fier à Bras parvient à récupérer une partie des pays d'Herbauge et de Tiffauge.
Conquetes de Comtes d'Anjou : région de Méron, Loudunais et Mirebelais Foulques le Bon s'empare de la région de Méron qui faisait initialement partie du Poitou. Son successeur Geoffroy Grisegonelle remporte une guerre sur Guillaume Fier à Bras, il obtient Loudun et Mirebeau et leurs régions et se reconnait le vassal de Guillaume pour ces territoires.
Conquetes de Comtes de Poitou en Berry et Limousin Dans le courant du Xème siècle, les Comtes de Poitiers s'emparent de territoires appartenant au Berry le long de la rivière l'Anglin. Et dès 936 Guillaume Tete d'Etoupe possède le chateau de Brosse à la frontière du Berry, du Poitou et du Limousin. Le Vicomte de Limoges devient d'ailleurs un vassal du Comte de Poitiers, alors qu'auparavant son suzerain était le Comte de Toulouse.
A partir de ces évolutions le Comté de Poitou se décompose en 10 pays : Herbauge, Brioux, Loudun, Thouars, Tiffauge, Chatellerault, Melle, Mervent, Niort et Thiré.
Les quatre premiers remontent au delà de l'époque Gallo-Romaine. Le pays de Tiffauge a pour population les descendants des Taifales (d'origine Scythe) installés par les Romains au IVème siècle. Les autres pays se sont constitués au début de l'époque féodale, en particulier Chatellerault.
Le gouvernement du Comté Au début du IXème siècle le Comte est un fonctionnaire royal qui gouverne avec l'assistance d'un Vicomte. Le Comté est divisé en Vicairies (Vigueries) qui ont à leur tete un officier comtal, le Vicaire (Viguier). A cette époque des Vicairies sont identifiées à Poitiers, Rézé, Loudun, Thouars, Civaux, Sauves, leur nombre s'accroit sensiblement à la fin du IXème et au début du Xème siècle puis ils disparaissent vers la fin de ce siècle, ils sont remplacés par des chatelains. Cette disparition illustre la dislocation de l'administration Carolingienne à laquelle se substitue progressivement le pouvoir féodal qui est representé par les Vicomtes et les chatelains. Certains Vicaires sont en fait devenus des chatelains, ainsi le premier Vicomte de Chatellerault est probablement l'ancien Vicaire d'Ingrandes (un peu au nord de Chatellerault sur la Vienne).
Au début du Xème siècle le Vicomte du Comté devient aussi Vicomte de Thouars et deux nouveaux Vicomtes apparaissent, ils sont localisés à Melle et Aunay, un peu plus tard c'est le tour de ceux de Chatellerault et de Brosse. A part à Melle ou existe un atelier monétaire ces Vicomtes ont des fonctions militaires: ils doivent garder le Comté contre des agressions extérieures et c'est pour cette raison qu'ils construisent des chateaux-forts. D'autres notables construisent également des forteresses que ce soit à la demande du Comte, de l'Eveque de Poitiers, des Vicomtes ou meme de leur propre chef. Progressivement tous ces chatelains deviennent héréditaires et accaparent les pouvoirs administratifs, judiciaires etc... sur les populations alentour. A ce stade le Poitou est intégré au Régime Féodal.
Les Vicomtes de Thouars sont issus de grands fonctionnaires de l'époque Carolingienne, les Vicomtes du Poitou, qui assistaient le Comte dans la gestion du Comté. Ce sont aussi des grands propriétaires fonciers dont les biens (alleux) se situent dans toutes les régions du Poitou: prés de Bressuire, La Peyratte prés de Thézenay, La Roche sur Yon, Tourtenay prés de Thouars, à Poitiers également. Pendant tout le Xème siècle ils obtiennent des biens (bénéfices) des Comtes de Poitou pour services rendus, ces biens ont souvent une origine écclésiastique (bénéfices de la Cathédrale Saint Pierre et de l'Abbaye Saint Hilaire de Poitiers).
Les Vicomtes sont installés à Thouars dans un chateau dominant le Thouet et facile à défendre. Leur patrimoine important leur permet de retribuer à leur tour des vassaux en leur accordant des bénéfices. Les principaux vassaux sont les Sires d'Airvault, les Sires d'Argenton, les Sires de Beaumont-Bressuire, les Sires de Mauléon ainsi que les Seigneurs du Thouarsais. Ils dominent également le pays d'Herbauge qui a sans doute été confié à leur garde par le Comte de Poitiers, ils y ont pour vassaux les Sires d'Apremont, les Sires de Chateaumur, les Sires de Commequiers, les Sires des Essarts, les Sires de la Garnache, les sires de Pouzauges, les Sires de Rié et enfin les Sires de La Roche sur Yon. Le Comte de Poitou leur aussi a attribué comme fief les chatellenies de Fontenay et de Tiffauges qui servent comme apanages à des cadets de la famille Vicomtale.
Au XIème siècle les Vicomtes détienne aussi la Seigneurie de La Chaise, prés de La Roche sur Yon, ils y font construire un Chateau et un Prieuré.
Cette énumération de possessions et de Vassaux permet de se rendre compte de la puissance des Vicomtes de Thouars dans le courant du XIème siècle.
Les Vicomtes d'Aulnay (on écrivait Aunay jadis) sont issus de fonctionnaires du Comte de Poitou qui avaient la fonction de Vicomtes de Melle et de Vicomte d'Aulnay. Ils se sont installés à Aulnay qui était mieux placé pour la garde et la défense du Comté de Poitou.
Leur patrimoine foncier propre (alleux) est important autour de Poitiers, dans les pays de Brioux et de Melle. Ils acquièrent des biens en Aunis et Saintonge. Enfin les Vicomtes d'Aulnay recoivent de nombreux bénéfices du Comte de Poitiers (bénéfices de l'Abbaye Saint Paul de Poitiers).
Les Vicomtes d'Aulnay, outre le chateau d'Aulnay, possèdent également les chateaux de Pons et de Chef-Boutonne.
Le premier Vicomte d'Aulnay bien identifié date de 925, il s'agit de Cadelon I (Chalon I).
Au début du Xème siècle un Vicomte (officier du Comte) est installé à Melle où se trouve un atelier monétaire. Il dure peu et au milieu du Xème seul subsiste le Vicaire de Melle (autre officier du Comte de Poitou) qui se nomme Cadelon de père en fils (peut etre apparentés aux Vicomtes d'Aulnay). Vers 1030 le Vicaire se nomme Constantin et il est en meme temps chatelain de Melle en partage avec Maingot lui aussi Seigneur de Melle. La Seigneurie de Melle devient ensuite la possession exclusive des Maingot.
Les Vicomtes de Chatellerault sont issus de fonctionnaires du Comte de Poitiers qui avant d'etre Vicomtes étaient Vicaires de la région d'Ingrandes (au nord de Chatellerault, aux confins de la Touraine). Ils se sont installés à Chatellerault qui était mieux placé pour assurer la défense du Comté de Poitou face aux agressions venant du nord (Touraine) ou de l'est (Berry).
Leur patrimoine foncier propre (alleux) est important autour de Poitiers. Ils acquièrent des biens en Aunis et Saintonge. Enfin les Vicomtes de Chatellerault recoivent de nombreux bénéfices du Comte de Poitiers dans les pays de Vivonne et de Chatelaillon, à Couture d'Argenson et autour de Chatellerault. Ils ont en fief de l'Abbaye de Saint Maixent un domaine à Sainte Soline et sont aussi Vassaux de l'Eveque de Poitiers.
Outre le chateau de Chatellerault, le Vicomte controle le chateau de Montoiron dont le Seigneur est un de ses Vassaux. Le Vicomte compte une quinzaine de Vassaux qui constituent l'aristocratie du Chatelleraudais, outre le Seigneur de Montoiron on peut citer celui de Curçay, de Furniols, de Clairvaux, de Baudiment, de Chitré, etc ...
La famille de Lusignan est particulièrement célèbre, elle a donné des rois de Jérusalem et de Chypre et pendant plusieurs siècles elle a donné du fil à retordre aux Comtes de Poitiers d'abord, puis aux rois d'Angleterre et de France.
Les premiers Sires de Lusignan remontent au Xème siècle, ils sont sans doute issus des Vicaires de Lusignan, officiers Carolingiens et sont parents des sires de Parthenay. Ces sires ont pour nom : Hugues I le Veneur, Hugues II le Bien-Aimé (il a construit le chateau de Lusignan), Hugues III le Blanc qui est mort en 1012. A cette date ce sont déjà des seigneurs puissants. Ils sont dans l'entourage proche des Comtes de Poitiers qui leur ont attribués des bénéfices. Il sont vassaux de l'Abbé de Saint-Maixent, de l'Abbé de Saint Hilaire de Poitiers et de l'Eveque de Poitiers pour certains biens qu'ils détiennent. L'ensemble de leurs possessions est finalement considérable d'autant qu'ils mettent sous pression l'Abbaye de Saint Maixent qui doit leur conceder de nombreux fiefs.
Ils sont co-Seigneurs de Civray avec les Comtes de La Marche et co-Seigneurs de Vivonne avec l'Eveque de Poitiers. Aux XI et XIIèmes siècles ils parviennent à controler les chatelains de Vouvant, d'Angles, de Lezay et de Chateau-Larcher.
Les Sires de Parthenay
Les Sires de Parthenay sont sans doute des parents des Sires de Lusignan. Au IXème siècle ce sont des propriétaires fonciers importants qui édifient une forteresse à Parthenay à l'époque des invasions Normandes. Ils possèdent aussi des biens et bénéfices dans le pays d'Herbauge et en Aunis et Saintonge.
C'est en s'appuyant sur le chateau de Parthenay que les Sires prennent progressivement le controle de la Gatine (région autour de Parthenay). Ils ont l'initiative de son défrichement et de sa colonisation.
Le premier Sire de Parthenay connu est Joscelin I qui est signalé en 1012. Son fils est Guillaume I (1021-1058), outre ses biens propres, il est aussi Vassal de l'Abbaye de Saint Maixent.
Guillaume I participe, aux cotés du Comte de Vendôme Geoffroy-Martel, à la guerre victorieuse contre Guillaume VI le Gros, Comte de Poitiers et Duc d'Aquitaine. Quand il meurt en 1058, il a pour fils et successeurs Joscelin II (qui devient Archeveque de Bordeaux), Simon, Guelduin et Ebbon. Ceux-ci étendent la puissance de la Seigneurie qui devient une Baronnie avec des chateaux comme Secondigny puis ceux de Champdeniers, Ternant , Hérisson et La Motte de Verruyes (les Seigneurs de Verruyes sont finalement devenus leurs Vassaux). Les Sires de Parthenay ont de nombreux Vassaux: les Seigneurs de Gourgé, du Theil, de la Ferrière, les familles Meschin et Mauclavel, etc...
A la fin du XIIème siècle la Baronnie de Parthenay correspond aux trois chatellenies de Parthenay, Secondigny et Champdeniers.
Les Sires de Parthenay jouent un rôle important lors des conflits entre les Rois de France et d'Angleterre qui s'étendent de la fin du XIIème siècle au XVème siècle (Guerre de Cent Ans). La Seigneurie passe ensuite à Dunois et à ses descendants, les Orléans-Longueville.
Du IXème siècle jusqu'au début du XIème siècle, le site de Talmond est un point de base pour des bandes Normandes qui se livrent à des incursions dans l'arrière-pays. Pour le protèger Guillaume V le Grand fait construire un chateau par le Vicaire de Brem et de Talmond, Guillaume le Chauve. Celui-ci se marie avec Ameline de Parthenay (qui lui apporte angles et Fontenay). Ce mariage lui permet de bénéficier de l'appui de cette puissante famille. Guillaume le Chauve se voit alors confier une seigneurie autour de Talmond et prend alors le titre de Prince du chateau de Talmond. Il recoit en outre l'Ile d'Yeu en bénéfice des Vicomtes de Thouars. La Seigneurie devient héréditaire et est transmise aux descendants de Guillaume I.
Les Sires de Talmond avaient un certain nombre de Vassaux: les Seigneurs de Brem, de Beaulieu, de La Mothe-Achard, d'Olonne, de Poiroux. En importance dans la hierarchie Seigneuriale ils viennent juste derrière les Sires de Lusignan et de Parthenay.
Les Sires de Chatelaillon
Au début du Xème siècle l'Aunis, qui à cette époque dépend du Poitou, constitue une Vicairie (Viguerie), celle-ci est divisée en trois vers 950: Bessac, Saint Jean d'Angely et Saint Jean (de Chatelaillon). Cette derniere ville est pourvue d'un chateau qui prend le nom de celui qui l'a bati: Allon, d'où Chatelaillon et c'est alors le nom que prend la Vicairie.
Le premier Sire de Chatelaillon, Isembert I, apparait en 969 avec des dons qu'il fait à l'Abbaye de Saint Cyprien. Il a pour fils Ebles I de Chatelaillon et leurs successeurs s'appellent alternativement Isembert et Ebles. Les Sires de Chatelaillon sont les Seigneurs principaux de l'Aunis (devant les Sires de Surgères et de Mauzé) et ils figurent souvent dans l'entourage du Comte de Poitiers. Ils possèdent plusieurs chateaux comme ceux de Lisleau, Fouras et Soubise.
Ebles II et son successeur Isembert III engage une politique d'accroissement de leur domaine aux dépens des Abbayes de Vendome, de Saint Maixent et de Saint Jean d'Angély. Ils agissent en se préoccupant peu des récriminations de l'Eglise et du mécontentement du Comte de Poitiers. Guillaume VIII finit par lever une armée contre eux, et les vainc de haute lutte. Le Sires de Chatelaillon rentrent alors dans le rang.
Les Sires de Gencay
Au Xème siècle, Gencay appartient aux Comtes de Poitou qui y font construire un chateau qui controle le territoire de la Vicairie de Brion. Ce chateau est destiné à protéger le Poitou des actions du Comte de La Marche. Guillaume Fier à Bras (ou Guillaume le Grand) l'attribue à Aimeri qui possède déjà le chateau de Rançon en tant que Vassal du Comte d'Angouleme). En outre il est également établi dans le chateau de Civray qu'il tient des Comtes de La Marche. En pratique la possession du chateau de Gencay devient héréditaire dans la famille de Rançon. Celle-ci devient importante en Poitou, en particulier avec Geoffroi de Rançon, qui au milieu du XIIème siècle, intervenait dans la région pour le compte du Roi de France Louis VII.
Les Sires de Gencay avait plus de quarante fiefs dans leur mouvance.
Les Sires de Chateau-Larcher
Au milieu du IXème siècle Ebbon possède Mesgon et son chateau. Son fils Herbaud (ou Aribaud), a lui-meme pour fils Ebbon II qui est un fidèle du Comte de Poitiers Ebles Manzer. C'est un personnage qui vit au milieu du Xème siècle et qui semble trés riche, il possède des biens dans le pays de Brioux (Vicairies de Rom, Vivonne, Blanzay, Brion, Melle, Bouin et Liniers). Le fils d'Ebbon II, Achard, fait transformer le chateau qui prend alors son nom, Chateau-Larcher. La fille d'Achard et d'Amélie, également nommée Amélie, épouse Boson I Vicomte de Chatellerault , les Vicomtes deviennent alors dominants à Chateau-Larcher.
La famille des Sires de Chateau-Larcher passe alors au second plan, elle disparait au XIIème siècle. La Seigneurie passe alors aux Sires de Lusignan.
Les Sires de Morthemer
Les Sires de Morthemer sont issus de riches propriétaires fonciers du Xèmes siècle, ils sont apparentés aux Vicomtes de Chatellerault (Ingelelme I de Morthemer est consanguin de Acfred II Vicomte de Chatellerault et de son frère Boson dans une charte de l'Abbaye Saint Cyprien). Une fille, Amélie de Morthemer est l'épouse de Jourdain II de Chateau-Larcher. Au XIème siècle la chatellenie de Lussac et son chateau semble etre sous le controle des Sires de Morthemer.
Raoul de Morthemer fait partie du contingent Poitevin emmené par Aimery IV de Thouars pour aider Guillaume le Conquérant à conquérir l'Angleterre, il participe à la bataille d'Hastings en 1066.
Les Seigneuries Ecclésiastiques
Les Cathédrales et de nombreuses Abbayes sont devenues de fait des Seigneuries féodales. D'abord elles attribuent (ou le Comte leur impose d'attribuer) des fiefs à des fidèles du Comte qui deviennent leur Vassaux. Ensuite Eveques et Abbés sont issus des grandes familles féodales et ces fonctions deviennent parfois quasi-héréditaires (transmission d'oncle à neveu ou parent).
Rien qu'à Poitiers, qui compte de nombreuses églises, Les Evèques, la Collégiale Saint Hilaire, les Abbayes de Sainte Croix, de Saint Cyprien, de Montierneuf, de La Celle sont des Seigneuries Ecclésiastiques. Dans le reste du Poitou on peut citer: les Abbayes de Saint Maixent, Saint Jouin de Marnes (Ension), de Noirmoutiers, de Nouaillé, de Charroux, de Saint Savin, de Sainte Croix de Talmond, etc ... Meme certains Prieurés rentrent dans cette catégorie.
Les deux Seigneuries écclésiastiques les plus importantes sont celle des Eveques de Poitiers et celle de l'Abbaye de Saint Maixent.
Bien souvent ces Seigneuries Ecclésiastiques sont rentrés en conflit avec les autres Seigneurs Féodaux, leur principale arme de défense est alors l'anathème et l'excommunication qui peut s'avérer redoutable.
Les Evêques de Poitiers
Du milieu du Xème siècle à la fin du XIème siècle l'Evêché de Poitiers est entre les mains d'une meme famille, celle des Isembert. Ils sont issus d'Isembert et de son épouse Ode qui appartient elle meme à une grande famille. Cette famille Isembert possède de nombreux domaines fonciers à Chauvigny, dans le pays de Chatellerault et dans la région de Mirebeau.
Avec l'accord du Comte de Poitiers, la transmission de l'Evêché s'effectue d'oncle à neveu. Le premier est Pierre de 963 à 975, puis Gilbert de 975 à 1020, Isembert I de 1020 à 1047, Isembert II de 1047 à 1087. Les Evèques possèdent les chateaux de Chauvigny et de Angles et ont des droits sur ceux de Civray et de Vivonne. Isembert I apparait comme chatelain de Chauvigny et se comporte comme un seigneur féodal classique. De nombreux autres Seigneurs Poitevins lui pretent hommage pour des bénéfices attribués à l'époque Carolingienne et meme au delà de l'An Mil, c'est le cas des Vicomtes de Chatellerault, des Sires de Lusignan et de Parthenay.
Au début du Xème siècle un bourg s'est formé autour de l'Abbaye de Saint Maixent. Il est doté d'une enceinte fortifiée par Eble Evèque de Limoges et frère de Guillaume Tete d'Etoupe. Ensuite Aimery I Vicomte de Thouars devient l'Avoué de l'Abbaye et enfin l'Abbaye se constitue en propre une milice féodale pour assurer sa défense. Elle a alors les caractéristiques d'une Seigneurie Féodale d'autant qu'elle a attribué des fiefs en bénéfice à de grands Seigneurs Poitevins comme le Vicomte d'Aunay, le Vicomte de Chatellerault, les Sires de Lusignan et de Parthenay.
La mouvance féodale de l'Abbaye est considérable, elle s'étend de Vouhé à Montigné et de Sanxay à Ardin, avec des extensions à Marsais, Vouillé, Damvix et Couhé. Globalement ceci représentait plus de deux cent trente fiefs répartis sur 90 paroisses.
Avec un tel domaine l'Abbé se trouva souvent en conflit avec d'autres Seigneurs féodaux, il put compter sur l'appui de l'Eveque et surtout sur celui du Pape qui placa l'Abbaye sous sa protection. Néanmoins à la fin du XIIème siècle sa puissance se trouve sensiblement diminée suite aux actions des Seigneurs et en particulier de celles des Sires de Lusignan.
Quand le Roi de France Philippe-Auguste acquiert le Poitou en 1204, il prend l'Abbaye de Saint Maixent sous sa protection et la réunit à la Couronne de France, lui assurant ainsi une sécurité bien plus solide.
Les Vassaux des Seigneurs du Poitou
La possession d'un chateau permet au Seigneur d'attirer des notables capables de fournir un service militaire (par exemple des tours de garde dans le chateau et la participation à des expéditions guerrières). Ces notables (propriétaires d'alleux) recoivent en contrepartie la protection du Seigneur pour eux et leurs biens. C'est ainsi que se constitue la pyramide féodale avec au sommet le Comte, puis les Vicomtes et les Sires, ensuite les simples chatelains et enfin les chevaliers (milites). On a ainsi la construction de l'aristocratie médiévale qui perdurera en fait jusqu'à la Révolution Francaise.
Les Vassaux doivent à leur Suzerain aide et conseil (auxilium et consilium). L'aide est essentiellement le service militaire, il comprend la garde du chateau et le service d'ost qui consister à accompagner le Suzerain à la guerre et dans ses expéditions militaires. Le conseil oblige les Vassaux à venir à la cour du Suzerain pour lui donner leur avis sur les affaires qu'il leur soumet. Ainsi les Vassaux assistent le Seigneur lors des assemblées judiciaires.
Bibliographie
Marcel Garaud, Les Chatelains du Poitou ( Société des Antiquaires de l'Ouest 1964)
Alfred Richard, Histoire des Comtes dePoitou
Michel Dillange, Les Comtes de Poitou ( Geste editions 1985)
Pierre Riché, Les Carolingiens ( Pluriel 1983)